24 mars 2019
Ça arrive. Parfois, les journées sont un peu difficiles. Par chance que nous nous étions reposés à Nassau dans la dernière semaine. On ne sait pas s’il s’agit d’une prémonition, mais la nuit a été agrémentée d’insomnie pour Andrée-Anne, ce qui n’est pas courant, d’autant plus que le mouillage était particulièrement tranquille. Le calme avant la tempête… Rassurez-vous, nous n’avons pas eu droit à une réelle tempête, c’est une figure de style ici.
La navigation du jour : de West Bay à Chub Cay
West Bay ce matin nous protégeait pas mal de tout ce qui se passait autour. Donc lorsque nous sommes partis tranquillement du mouillage au moteur, nous avions l’impression assez forte que nous allions faire une journée moteur sous le soleil, même si les prévisions annonçaient quand même du vent. Eh non. Sans que l’on comprenne trop ce qui se passe, dès que nous sommes arrivés dans la mer pour vrai, nous y avons découvert des vagues de 7-8 pieds et du beau vent de 20 kn au travers (de côté). Aller hop le génois, c’est ton jour de gloire. Le souci toutefois qui venait avec le vent de travers : les vagues frappaient le bateau sur le côté… Tout s’est retrouvé assez rapidement sens dessus dessous à l’intérieur. Et le manque de sommeil a rattrapé Andrée-Anne assez rapidement en lui offrant gracieusement un beau mal au cœur plus fort que jamais, à la limite d’être malade, c’était une première.
Dans la catégorie première, il y a également eu 2 vagues qui sont venues se briser dans le cockpit. Jamais ceci nous est arrivé… Question de nous donner un peu plus de stabilité, nous avons tenté d’aller hisser la grand-voile, mais finalement, ça brassait tellement que ce n’était pas sécuritaire d’aller jouer sur le pont. Donc nous avons opté pour ne garder que le génois, qui nous propulsait quand même à 6 kn. Disons que nous n’avions pas prévu avoir une navigation aussi intense. Nous avons oublié que nous allions dans la mer pour vrai, ce n’était plus le bank… Et voulez-vous savoir la meilleure dans tout ça ? Ben la meilleure, c’est que nous avons trippé sur notre navigation ! Parce qu’ultimement, côté confort, c’était le bordel, mais côté navigation, c’était clairement une des plus intéressantes que nous avons faite (bon, si ces conditions s’étaient présentées de nuit, nous n’aurions pas le même discours, mais ce n’est pas le cas 😉).
Le sérieux stress du jour : le shaft nous lâche
Ben voilà. Nous avions constaté que le shaft semblait avoir pris un coup après notre épopée du coup de vent à Nassau, et aujourd’hui, c’était la confirmation. Et, ce n’était pas nécessairement la meilleure journée pour avoir cette confirmation (mais en même temps, c’est quoi le bon timing pour avoir une avarie?)… Donc, c’est lorsque nous nous approchions de Chub Cay dans le but de nous ancrer dans la petite baie à l’Ouest de l’île que nous avons réalisé, lorsque nous avons démarré le moteur, que nous n’avions plus de propulsion. Pour le contexte, on rappelle que nous sommes dans une journée assez venteuse et que les vagues sont pas pire aussi… D’abord, nous avons pensé à des sargasses dans l’hélice. Tout au long de la journée, nous avons croisé pas mal de bancs de sargasses (beau fléau en passant). Note : les sargasses, ce sont des algues qui flottent. Donc, Dominic tente la renverse pour retirer les sargasses. Cela ne donne pas vraiment de résultat. Donc là, c’est la question…. On fait quoi ? La seule option qui fait du sens dans le contexte, c’est de rentrer dans la baie à la voile, avec seulement le génois. Évidemment, cette décision n’est pas simple. Dans cette baie, il y a une marina, donc des balises ont été installées. S’enligner sur ces balises dans les conditions de vent avec seulement un génois s’est avéré être plutôt difficile. Derrière nous, il y avait un autre voilier, dont nous ne comprenions pas les intentions. Ceci augmentait le stress un peu. Puisque nous ne savions pas s’il nous suivait, et considérant le fait que nous avions de la difficulté avec notre approche, avoir un voilier derrière pouvait devenir problématique. Il y donc fallu l’appeler sur la VHF, et par le fait même dévoiler à tous les bateaux du coin que nous étions en situation pas simple (ce qui leur a confirmé par le fait même pourquoi nous faisions de très drôles de manœuvres et de tours sur nous-même)… Finalement, à l’aide de l’équipage de Cyrano, nous arrivons à nous rendre dans la baie et à mouiller l’ancre. Comme nous étions un peu limités sans moteur, nous avons été obligés de mouiller l’ancre plus vers l’extérieur de la baie que l’intérieur, dans un endroit pas vraiment protégé du vent et de la vague. Mais, grâce au bon vent, l’ancre a pris instantanément lorsqu’elle a touché le fond, et Nuage a pu être sécurisé dès cet instant. C’était notre premier ancrage à la voile. Décidemment, c’était la journée des premières fois !
La partie 2 du stress du jour : le diagnostic
Rapidement, le problème est diagnostiqué : le shaft s’est encore détaché du coupling de la transmission. Le coup de vent de Nassau a donné un bon coup au shaft lorsque nous reculions pour tenter (à plusieurs reprises) de faire prendre l’ancre… Et là, nous pensons (vraiment peut-être) que le fait de reculer pour retirer les sargasses de l’hélice a donné le coup de mort au shaft.
Être pris à Chub Cay avec un bateau qui ne peut plus avancer au moteur n’est pas nécessairement le genre de chose que tu espères qui t’arrive. Chub Cay, c’est une île privée, et la marina à cet endroit est plutôt luxueuse, tellement luxueuse en fait qu’elle ne se gêne pas pour charger 100 $ par jour pour les gens qui veulent y laisser leur dinghy. Sympa. Mais, comme tout est relatif, on peut quand même dire que c’est mieux qu’au milieu des Exumas où il n’y a juste rien. Et, nous pouvons nous souvenir que nous avons des voiles aussi qui peuvent nous propulser quand même. Il faut se parler dans ces situations-là 😉
Par chance, nous étions bien entourés aujourd’hui avec Mario d’Océane et Patrick à bord. À plusieurs têtes, cela va toujours mieux. Évidemment, Mario est arrivé dès notre arrivée afin de venir nous donner un coup de pouce. Avec ses nombreuses années d’expérience professionnelles sur les bateaux, Mario est une référence inestimable. Et ce n’est pas un shaft débarqué qui l’intimide. Rapidement, il a rassuré l’équipage en affirmant sans aucun doute : « Nous allons nous rendre à Bimini », soit un endroit pas mal plus facilitant lors d’avarie, d’autant plus que, de ce que nous avons entendu, il est possible de s’éloigner de quelques miles de Bimini et d’être en zone couverte par notre assurance remorquage de BoatUS. Ce qui veut dire que si le problème est vraiment trop sérieux, on pourrait appeler un remorqueur aux États-Unis pour venir nous chercher, c’est quand même rassurant.
Les garçons se sont donc lancés à la recherche de solutions. Les filles pour leur part se retrouvent sur Océane la Madame qui est installé plus à l’intérieur de la baie, donc qui ne subit pas le même swell. Disons que pour ajouter à la complexité de la chose, cela brasse pas mal sur Nuage… Les garçons réussissent finalement à réparer de manière temporaire, mais fonctionnelle, le shaft. Nous allons toutefois devoir éviter la marche arrière (si possible) pour qu’il ne débarque pas encore jusqu’à la réparation officielle (qui devra se faire en Floride idéalement puisque cela implique de sortir Nuage de l’eau).
Donc, le voyage jusqu’en Floride pourra continuer en compagnie d’Océane. Et si jamais le souci revient en route, il est entendu qu’Océane pourra nous remorquer. Ouf, quel stress. Merci tellement Océane !
Le bout on déstresse : le bon souper entre amis
Comme cela brassait beaucoup sur Nuage, nous avons fini par tous manger sur Océane la Madame. Nancy, la foodie proclamée, nous a préparé des excellentes pâtes aux fruits de mer. Tout ça fait pas mal d’action pour les invités… Ils sont tombés dans le 50 % moins l’fun, en espérant que cela va se replacer dans les prochains jours. Cependant, ils ont eu droit à une super journée de voile comme nous en avons eu peu depuis que nous sommes ici. En 1 journée, ils ont vécu presque autant de péripéties que nous en 3 mois. À partir du moment où on embarque sur un voilier, on ne sait jamais ce qu’il va se passer. Il faut être prêt à tout !
Et pour la suite ?
Nous avons du temps clément pour les 2 prochains jours et demi. Si nous voulons nous rendre en Floride, il faudrait arriver à le faire dans ces 2 jours et demi, ou nous devrons attendre quelques jours à Bimini (ou même une semaine) pour la prochaine fenêtre météo. Voici donc ce que nous aimerions faire : on part demain à 7h, on continue le plus près possible de Bimini, ce qui représente environ 90 miles nautiques (+/ 18 heures de navigation), on dort un peu, et on continue ensuite vers la Floride mardi pour environ une cinquantaine de miles nautiques. Si cela ne fonctionne pas, on peut toujours arrêter dans le bank, et à Bimini. Il n’y aura pas de vent en théorie pour les 2 prochains jours, ce sera du moteur.
À propos des photos
Pour une raison obscure, de nombreuses photos de cette période de voyage ont disparu du téléphone. Nous ne saurons jamais quelle mauvaise manipulation a été faite…
À propos du mouillage choisi
Coordonnées : 25°01.454’N 077°32.928’W
C’est difficile de commenter le mouillage ici en raison de note arrivée catastrophe. Par contre, comme nous avons passé du temps sur Océane la Madame en soirée, nous avons pu constater que le mouillage est assez bien protégé pour tout ce qui est Est sans souci si on entre assez loin et qu’on s’approche du bord. Pour ce qui est d’aller sur la terre, les rumeurs sont que la marina charge 100 $ pour y laisser son dinghy, mais nous n’avons pas vérifié de source sûre cette information. Côté fond, c’est encore du sable, on accroche sans souci.