25-26 mars 2019

Ici, c’est 2 jours en 1. 34 heures de navigation, cela devient une journée pour nous. Le temps se gère complètement différemment sur l’eau quand tu navigues. C’est un nouveau record pour nous ! Ce matin, lorsque nous sommes partis, nous avons décidé d’aller le plus loin possible avec la fenêtre météo qui nous était offerte… Et cela a fini en Floride ! Simple de même. Avec un shaft qui était sur le bord de lâcher, et 100% moteur, décidemment, Nuage n’a pas dit son dernier mot !

Le bout rought du jour : la nuit

Disons que la nuit a été particulièrement agitée. Nous avons tous espéré secrètement que le swell se calme, mais ce ne fût pas le cas. Il s’agit officiellement de notre 3e nuit vraiment désagréable depuis le début de notre séjour aux Bahamas. Ce qui nous a fait une vraie de vraie mauvaise nuit par mois, ce n’est pas si pire si on décide de regarder le bon côté des choses (on se le rappelle, il faut se parler quand ça roule carré…). Nous étions donc tous en super forme (not!) lorsque le moment est venu de partir à 7 heures du matin…

La première partie de la traversée : Chub Cay à Bimini

Nous avons finalement décidé de nous rendre directement à Bimini sans arrêt sur le bank. C’est sûr qu’avec un shaft qui tient un peu par peur, c’était probablement la première meilleure décision à prendre. S’arrêter sur le bank nous aurait obligés à mouiller l’ancre, et à faire des manœuvres au moteur qui auraient pu fragiliser la réparation, et considérant le fait que le vent annoncé était très léger, tu ne veux pas te retrouver au milieu du bank sans moteur… Donc, malgré le peu de vent, nous nous sommes rendus près de Bimini avec le moteur et le génois en support. Malgré le fait que c’était un peu plate pour les invités, le rythme était bon, et la navigation n’était pas trop fatigante, c’était la bonne décision à prendre. Rendus près de Bimini, nous avons dû prendre la décision pour la suite. Notre décision dépendait en fait principalement des prévisions météo que nous avons pu avoir accès à grâce aux tours de télécommunication du coin. Parce qu’il faut penser à ça quand tu pars pour une navigation un peu excentrée : les prévisions météo risquent de ne pas se rendre à toi. Aux États-Unis, la diffusion via VHF de la météo a une super grande portée, mais dès que nous sortons de cette zone, nous n’avons plus rien, puisque notre autre source de météo, dans notre cas, vient d’internet… Évidemment, si nous avions à faire des plus longues distances hors des zones couvertes par les systèmes de diffusion à courte portée (internet et VHF), nous devrions nous équiper mieux avec des systèmes satellite par exemple, mais pour le moment, la dépense n’en vaut pas la peine. Donc, lorsque nous nous sommes approchés de Bimini, nous avons pu prendre notre météo… et constater que les prévisions avaient changé un peu. Quelle surprise… Et le bout plate, c’est que c’est un vent du Nord qui est venu s’ajouter aux prévisions, soit le vent que tu n’as pas envie d’avoir quand tu traverses le Gulf Stream.

Petit rappel 101 sur les implications de traverser le Gulf Stream

Traverser le Gulf Stream, ce n’est pas sorcier. Si tu as la bonne météo. Le Gulf Stream est un courant qui, dans notre secteur de navigation, se dirige principalement vers le Nord, a une vitesse de 2 à 3 nœuds, et est large d’environ 55 miles nautiques (100 km) en ligne droite. Donc, d’abord, pour t’aider dans ta décision, le premier vent que tu ne veux pas, c’est du Nord, parce qu’un vent contre un courant, ben cela fait simplement de la vague, qui peut, dans le moins pire des cas, causer de l’inconfort, et dans le pire des cas, rendre la navigation très dangereuse. Ensuite, tu ne veux pas nécessairement non plus du vent en pleine face puisque ce n’est vraiment pas le meilleur endroit pour tirer des bords. Tirer des bords, pour les non-voileux, signifie avancer en zigzaguant, puisque comme le vent est de face, cela permet de se placer en angle par rapport au vent, et ainsi avancer. Donc, tu veux soit un vent de travers (mais pas du Nord), ou un vent au portant (de derrière). Ce qui veut dire que si tu vas de la Floride aux Bahamas, tu veux du vent dans le spectre entre l’Ouest et le Sud-Est, tandis que si tu vas des Bahamas à la Floride, tu veux du vent du Sud-Ouest à l’Est. En ce qui concerne notre traversée d’aujourd’hui, le bout sympa, c’est que comme le courant va vers le Nord, on peut profiter de l’occasion pour se faire propulser par lui afin d’atteindre la Floride plus au Nord.

Pour ceux qui sont un peu plus curieux, voici une vidéo (en anglais) qui explique bien les implications de traverser le Gulf Stream :

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=Opy3OFB9_lk&w=560&h=315]

Mais là, si on revient à nos prévisions météo à Bimini. Le petit souci que nous avons rencontré, est le fait que vers la fin présumée de notre traversée, soit en fin d’après-midi le 26, un petit vent du Nord était annoncé. Donc là, nous avons dû prendre une décision… Et, en concertation avec Océane la Madame, nous avons décidé de prendre le « risque ». Considérant le fait que le temps était très tranquille, et que le vent allait arriver doucement à la fin de notre navigation, nous avons conclu que le pire serait un peu d’inconfort… et c’est pas mal ce qui est arrivé.

La deuxième partie de la traversée : Bimini à West Palm Beach

Donc là, la décision à prendre était de soit arrêter à Bimini, ou nous rendre directement en Floride. Un arrêt à Bimini impliquait l’obligation d’y rester plusieurs jours puisque la météo des prochains jours n’est pas favorable à une traversée, tandis que continuer impliquait de prendre le risque de se faire brasser un peu en raison du faible vent du Nord annoncé dans les prochaines heures… Après un peu de tergiversation, la décision a été prise, la direction choisie a été : l’Intel de West Palm Beach.

Jusqu’à ce que nous arrivions dans le Gulf Stream, il n’y a à peu près rien à raconter… c’était la nuit, il faisait noir, et tout roulait assez simplement. Arrive enfin le Gulf Stream… Nous l’avons senti dès que nous y sommes entrés. La mer a changé et l’eau était un peu moins calme,  une petite vague s’est formée, mais rien qui ne dérangeait vraiment le confort. Lors de notre traversée en janvier, nous étions la nuit, donc nous ne pouvions pas voir l’état de l’eau, mais en plein jour, on voit vraiment la différence, il n’y a pas de doute quand tu entres dans le courant ! Également, étonnamment, plutôt qu’aller plus vite, nous découvrons à notre grande stupeur que nous avons ralenti… Considérant que nous allons vers le Nord et que le courant est vers le Nord, nous sommes un peu confondus…

Nous soupçonnons donc le vent de nous ralentir puisque celui-ci est Nord-Ouest et qu’il s’agit pas mal de notre cap, c’est comme si le vent avait étrangement le dessus sur le courant. Une discussion est lancée avec Océane la Madame. Nous avons maintenant accès à la météo des États-Unis via la VHF, et tout porte à croire que le vent ne nous sera pas favorable pour les prochaines heures… À la vitesse que nous allions, nous avions une ETA (estimated time of arrival) à 17 h 30 environ dans l’inlet de West Palm Beach. C’était un peu tard. Et à cette heure, le courant de marée prévu dans l’inlet était sortant, donc contre nous. Nous considérons donc aller à Fort Lauderdale plutôt. Ceci impliquerait un changement de bord à environ 90 degrés, et nous amènerait le vent au travers. Normalement, ceci devrait nous donner une meilleure vitesse si le vent a autant de d’effet sur notre vitesse du moment (du moins, on de ce que nous sommes tentés de croire – vraiment nous n’étions sûrs de rien…). Côté distance, c’était exactement la même à partir du point où nous étions, toutefois, au niveau de la destination finale, nous allions nous retrouver 40 miles nautiques plus au Sud, ce qui aurait impliqué une ou deux journées de navigation dans les terres de plus que ce que nous avions de prévu en arrivant à West Palm Beach. Nous faisons donc le virement de bord avec plein d’espoirs… Pour finalement ne pas gagner de vitesse du tout. Après une vingtaine de minutes, la discussion est relancée. Visiblement, le courant a plus d’effet que le vent maintenant. Même si nous avions le vent de travers, le courant lui nous ralentissait. Décidemment, ce n’est pas facile à suivre ce mixte de vent et de courant… Donc, après consultation, nous avons décidé de revenir sur notre décision. Nous avons repris notre route initiale vers West Palm Beach. Pour le courant, en relisant bien notre Waterway Guide, on y lit que l’inlet de West Palm Beach est le plus facile de la côte Est, donc, en théorie, cela devrait bien aller pour rentrer même si le courant est contre nous… Finalement, après un peu de temps, nous avons repris de la vitesse et avons pu rejoindre l’inlet en fin d’après-midi sans souci.

L’arrivée dans l’inlet s’est faite tout simplement. Le courant de marée était super faible, et la configuration de l’entrée est très bien en raison de sa largeur, il n’y a aucun risque à cet inlet, on y rentre peu importe le courant. Et, évidemment, dès que nous sommes entrés, nous avons mis notre drapeau jaune, il ne faut pas oublier que nous entrons dans un nouveau pays… Celui-ci permet de bien signaler aux autorités (si nous les croisons) que nous ne sommes pas dédouanés.

La fin de la traversée : l’arrivée à North Palm Beach

Notre objectif, après avoir rejoint les États-Unis, était de nous rendre à North Palm Beach afin d’y mouiller l’ancre et enfin nous reposer. Nous y arrivons à 17 h 25. Et il y a foule au mouillage. Et on le rappelle, nous ne pouvons pas (idéalement) utiliser la marche arrière pour nous ancrer. Après un peu de patience, nous avons finalement trouvé un petit coin. Pas parfait, mais c’est la vie dans les coins bien achalandés de la Floride. Lorsque nous sommes finalement « ancrés » (soit lorsque l’ancre est accotée dans le fond), Mario et Carmen sont venus faire un tour pour nous guider dans notre nouvelle technique de mouillage : le reculons grâce au dinghy. C’est tout simple en fait, il s’agissait simplement de fixer le dinghy sur le côté du voilier, et de tirer/pousser Nuage vers l’arrière.

Vient ensuite la super tâche de se rapporter aux douanes. Comme nous sommes en 2019, la technologie est gentiment mise à contribution. À l’époque, dans l’ancien temps…, pour officialiser son entrée au pays, on devait se rendre à un bureau de douanes. Dans ce secteur, le bureau est directement dans le port de West Palm Beach, pas mal vis-à-vis l’inlet. Mais maintenant, on peut utiliser l’application CPB Roam !

On annonce donc notre arrivée aux douanes via l’application CBP Roam. Une fois toutes les infos de l’équipage à bord entrée et envoyée, un agent de l’immigration nous appelle via vidéo et nous fait une entrevue d’entrée. Simple de même. Pendant l’entrevue, on demande comment nous pouvons avoir notre cruising permit. L’agent nous informe que tout est ok, que nous n’avons pas besoin de plus. Ok, s’il le dit… Les douanes faites, les invités nous quittent. Ils ont hâte de retourner sur terre pour se reposer et prendre une bonne douche dans un hôtel.

Un doute persiste par contre par rapport aux douanes… Nous avons un souci. Nous n’avons pas de cruising permit. Et ceci est nécessaire pour naviguer aux États-Unis. Même si l’agent dit que c’est ok, nous, nous savons que cela peut nous mettre dans le pétrin si nous sommes contrôlés par la Coast Guard. Nous appelons au numéro que nous avons pour nous rapporter dans le coin et… nous tombons sur le même agent qui nous a dédouané via l’application. Il nous donne un numéro de confirmation, en nous disant que c’est bon. En discutant avec Océane, nous ne sommes toujours pas satisfaits… Le cruising licence a une date limite, et là, nous n’en avons pas. Océane tente de trouver des réponses de son côté. En vain. Nous considérons donc le fait d’aller faire un tour au bureau des douanes qui n’est pas très loin demain matin. À cette heure toutefois, les troupes étaient pas mal fatiguées, et c’était l’heure d’aller dormir.

Route 25-26 mars 2019

L’astuce téléphonie du jour

Question d’être sûrs d’avoir du réseau pour pouvoir annoncer notre arrivée, nous avons utilisé une technique bien simple. Lorsque nous sommes partis des États-Unis en janvier, nous avons conservé notre carte SIM états-unienne. Celle-ci avait quelques mois de validité après sa dernière recharge (4 ou 5), donc, il fallait simplement s’assurer de la réactiver avant la fin de sa période de validité. Pour ce faire, lorsque nous nous sommes approché des États-Unis, nous avons remis la carte SIM dans le téléphone et avons simplement composé le 611 pour parler à un agent lorsque nous avons vu que nous captions le réseau. Une fois en contact avec l’agent de la compagnie de téléphonie, nous avons réactivé la carte SIM. Fin de l’astuce.

Et pour la suite ?

Là, nous allons devoir prendre un peu de temps pour nous reposer (cela fait 3 nuits plutôt dures) et voir comment nous allons gérer la suite avec notre shaft qui peut nous laisser tomber n’importe quand. Notre objectif est de nous rendre à Jacksonville pour sortir le bateau de l’eau, mais avec un shaft dans cet état, il faut bien évaluer nos options : on prend la mer ? on essaie via l’ICW ? on fait des prières ? Bref, on va dormir là-dessus. Et surtout, ne pas prendre de décisions précipitées, surtout considérant le fait que nous avons du temps en masse devant nous.

À propos du mouillage choisi

Coordonnées : 26°50.293’N 080°03.234’W
North Palm Beach est un genre de lac où il y a pas mal de bateaux. Il faut s’y trouver un trou. Le fond a l’air bon, nous avons quand même mis l’ancre qu’avec le dinghy comme propulsion arrière, et nous nous sentons bien pris. Le coup dur cependant d’arriver ici, c’est la couleur de l’eau. Un beau brun… Disons que cela fait pas mal changement de l’eau clair d’il y a quelques heures… Ben oui, toute bonne chose a une fin on dirait bien.

Sinon, pour aller sur terre, il n’y a pas d’endroit officiel, mais on peut laisser son dinghy sur le bord du pont au Nord du mouillage. Soit du côté Nord-Ouest du pont, ou Sud-Est, au choix.

pour routes 1000 x 1000 (15)

Les photos des 2 jours

 

Pour les zélés, les chiffres du voyage sont ici : http://bit.ly/JournalNuage

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