16 novembre 2018
Nous ne sommes pas partis ce matin finalement. Nous avons encore eu une nuit de gros vents, et un matin frisquet, toujours venteux, les vents n’ont commencé à descendre que vers 9 h. Le moral n’était pas là pour partir. Par contre, en prenant ça relax en matinée, et en surveillant la météo, nous avons tranquillement pris la décision de partir en fin de journée par la mer, les conditions étaient réunies (vagues de 4 pieds, vent léger et favorable). Summum, un voisin de mouillage québécois, a aussi pris cette décision. Nous sommes donc partis ensembles vers 16 h pour affronter notre première vraie nuit en mer. Notre but est d’arriver à Wrightsville au matin, avec la marée en notre faveur. L’inlet (l’entrée de la mer à la terre) que nous visons est Masanboro Inlet à une soixantaine de miles nautiques.
Le projet du jour : partir en mer
Une fois la décision prise, il a fallu se préparer… Ce qui veut dire :
- Préparer des repas froids, chauds, et qui se mangent facilement. Concrètement : une salade de pâte, des sandwichs et un repas chaud de bœuf haché et riz au cas où nous sommes en mesure d’utiliser le poêle.
- Ranger le bateau pour éviter que tout vole en route s’il y a beaucoup de gite.
- Sortir à peu près tous les vêtements chauds et manteaux à notre disposition, et les mettre très accessibles.
- Préparer le petit lit de repos.
- Préparer le kit d’abandon de bateau (c’est du sérieux…).
- Installer la ligne de vie
- Revoir notre route 12 fois question d’être sûrs de ce que nous faisons.
- Vérifier la météo constamment pour voir comment le vent et les vagues évoluent au large.
Bref, l’après-midi complet a été consacré à la préparation. Sur fond de trac… oui, oui, de trac.
La découverte du jour : le trac
Partir en mer donne le trac. On se demandait ce qui se passait en nous… c’était du trac. Des papillons… Tout simplement. Un joyeux mélange d’excitation et de stress. Même si nous avons mûri notre décision, que nous avons bien regardé notre météo, notre route, les marées, etc., nous avions le trac. C’est fascinant. Et tellement excitant en même temps. De quoi en prendre goût…
Question de contribuer au trac, comme la fenêtre météo du jour était aussi bonne pour prendre l’ICW que la mer, nous avons vu beaucoup de bateaux partir ce matin pour continuer leur route via l’ICW. Tous les bateaux québécois que nous avons rencontrés sont partis au petit matin. Il ne restait que Summum et nous… Il y a eu un petit moment où nous nous sommes demandé si nous avions pris la bonne décision… Il y a beaucoup de voiliers qui décident de ne pas prendre la mer, ce qui nous étonne quand même… De notre côté, nous ne rêvons que d’ouvrir nos voiles enfin.
Et la navigation elle…
Un mot : pas facile. Vous connaissez les « F » du mal de mer ? Ben nous l’avons expérimenté, et surtout Dominic. Fatigue, Faim, Froid. Ça finit comment ça ? Dans la toilette… À 22 h, nous étions en sérieux questionnement à savoir quelle mouche nous avait piqué pour nous mettre dans cet état en pleine mer. Bref, nous avons un peu mal géré notre affaire nous croyons bien. Au niveau de la fatigue, nous aurions dû mieux dormir avant. Mais ce n’était pas possible avec la météo, bref, nous avons fait de notre mieux à ce niveau. Pour la faim, nous n’avons pas assez mangé avant. Nous avons préparé beaucoup de nourriture pour pendant, mais nous avons négligé notre estomac avant. Erreur. Une fois le mal de mer bien installé, le tout combiné avec la vague de 4’, il était difficile pour nous de moindrement considérer manger quelque chose… Le froid. Ça c’est difficile. Nous n’avons pas de full enclosure (un cockpit fermé par des toiles), donc nous sommes constamment à la merci des éléments. Et la nuit a été très froide. Même avec les manteaux d’hiver et les couvertures, ce n’était pas facile de se sentir bien. Pour Andrée-Anne, le mal de mer a été presque instantané en partant, mais il a été un peu moins incommodant que pour Dominic, qui lui, a été frappé plus tard, mais vraiment plus fort.
Côté navigation, malgré nos états respectifs, cela allait assez bien. Nous sommes arrivés en mer vers 17 h avec le soleil qui se couchait. Les vagues étaient d’une belle grosseur, rien pour nous incommoder normalement, soit des vagues de 4’. Nous avions assez de vent pour bien avancer. Nous aurions aimé faire la navigation à la voile seulement, mais notre drisse de grand-voile (le cablôt pour monter la voile) s’est décrochée lorsque nous sommes partis, et a commencé à voler dans les airs. Avec les vagues, il était hors de question de tenter de la rattraper. Nous avons donc dû faire notre navigation complète avec le moteur et le génois. Pas idéal, mais bon, rendu là, tu fais avec ce que tu as.
Et pour la suite…
La suite… eh bien, elle est en mer. Cette sortie chevauche 2 jours. Avec la vitesse que nous avons conservée, il est fort probable que nous allons arriver très tôt à Wrightsville demain matin. Nous visons une arrivée vers 10 h pour profiter du courant de marée montante, mais à la vitesse que nous allons, nous serons définitivement là plus tôt. Nous verrons bien comment nous allons gérer le tout plus tard…