12 novembre 2018

Ben voilà. Ce n’est pas pour rien que nous nous sommes entraînés à Deltaville il n’y a pas si longtemps… Qui aurait cru que cela arriverait si vite. Nous considérions prendre la mer, entre autres, à cause des chances de pogner le fond dans l’Intracoastal. Nous voulions nous éviter ce stress. Mais comme la météo n’est pas du tout favorable, nous avons opté pour le chemin intérieur. Et nous avons été gâtés.

La journée a commencé d’une manière tellement merveilleuse. C’était tellement cliché… Nous nous sommes levés tôt et sommes partis au levé du soleil. Près de Nuage, sur l’île nous protégeant des vagues et du vent, 7-8 chevaux sauvages prenaient leur petit déjeuner. Quelques centaines de mètres après être partis, ce sont les dauphins qui se sont mis de la partie pas très loin de nous, tandis que les pélicans cherchaient eux aussi leur petit déjeuner. Bref, vous voyez le portrait ? C’était magique…

Et une heure plus tard…

C’est rare qu’un événement plate arrive seul en bateau. En général, c’est une série d’événements qui se succèdent qui créent une finale poche. Et c’est ce qui est arrivé aujourd’hui, laissez-nous vous raconter notre journée…

Comme à l’habitude, nous étions sur une bonne lancée moteur et génois. Il y avait un bon petit vent, donc nous allions à quelques 7 kn, une bonne vitesse. Et là, est arrivée la bouée verte 7A… Qui, pour une raison inconnue, est du mauvais côté du chenal officiel, plutôt que d’être du côté bâbord (pour nous) du chenal, elle est du côté tribord, ce qui veut dire qu’à cet endroit, nous devons sortir du chenal officiel pour prendre la bouée verte à bâbord. Vous nous suivez ? Jusqu’ici, ce n’est pas si pire. Mais le souci… c’est qu’il y a une petite crique vis-à-vis cette bouée, Spooner Creek, et l’entrée de cette crique est balisée par des bouées. Ce qui, avec le fait que la bouée est du mauvais côté du chenal, peut causer une confusion momentanée. Et c’est ce qui nous est arrivé… Le Capitaine, croyant que la bouée était pour la crique, a continué son chemin dans le chenal officiel avec le bon vent qui nous aidait… et pouf ! Nuage s’est instantanément arrêté sur un banc de sable, là c’était clair que nous n’allions pas sortir de là qu’avec quelques coups de roue…

Jusque-là, ce n’est pas si pire. S’échouer sur un banc de sable, c’est plate, mais ce n’est pas dramatique. D’autant plus que nous sommes assurés avec BoatUS, donc nous n’avons qu’à les appeler pour qu’ils viennent nous déprendre (BoatUS, à titre d’info, c’est comme un CAA, mais sur l’eau, c’est indispensable quand tu fais l’ICW). La suite maintenant… Dominic, l’orgueil un peu ébranlé, demande à Andrée-Anne d’appeler BoatUS. Le temps de sortir les papiers, trouver la position du bateau, préparer ce qu’il faut dire, Dominic tente de se déprendre avec des manœuvres de roue. Et un bateau moteur type trawler avec un gentil couple à bord arrive. Des bons samaritains. Donc, tant qu’à appeler BoatUS et attendre on ne sait pas combien de temps, on se lance dans une tentative de désenlisage avec le bateau moteur. Qui, après quelques allers et retours en dinghy avec un câblot (il faut être très prudent, ce n’est pas le temps qu’un câblot prenne dans l’hélice), a fonctionné. Alléluia, nous pouvons continuer notre route ! Not…

Et non. C’est à ce moment que Dominic réalise que Nuage ne répond plus aux commandes moteur, il ne se passe juste rien, impossible de reculer ou d’avancer au moteur. Si nous avançons, c’est simplement parce que nous avons notre génois ouvert, c’est le vent qui nous pousse… Drame. Nous avons tué la transmission. Du moins, c’est ce que Dominic pense. Là, c’est sérieux. Le moral des troupes s’effondre. Notre bon samaritain revient pour voir ce qui se passe, nous lui annonçons candidement que la transmission est morte, qu’il peut continuer son chemin, nous allons appeler le remorqueur.

Jusqu’à ce que… Dominic ouvre les coffres et jette un coup d’œil au moteur. Pour réaliser que c’est en fait l’arbre d’hélice (le shaft) qui est débarqué du coupling. Donc, en simple, la tige de métal qui tient et fait tourner l’hélice n’est plus reliée au moteur. Ouf, ce n’est pas la transmission ! Mais c’est clair que nous n’irons pas nulle part aujourd’hui avec un arbre d’hélice décroché. Et là, bang encore. Les quelques secondes que Dominic a lâché la roue ont permis à Nuage d’aller se reprendre dans le sable. On appelle BoatUS… Et on croise les doigts que ce ne soit pas trop majeur.

Une heure plus tard, nous sommes bien accrochés derrière notre sauveur. Comme nous ne connaissons pas l’ampleur des dégâts, nous devons être remorqués à une marina qui a du service et un lift pour nous sortir de l’eau au besoin. Chris, notre gentil remorqueur s’occupe de trouver l’endroit. Sauf que… en soirée, de gros vents sont annoncés. Ça veut dire quoi ça ? Ça veut dire que toutes les marinas du coin sont pleines… Nous nous sommes donc retrouvé environ 8 miles plus loin, avant l’ancrage que nous étions au début de la journée… Bref, nous avons reculé plus que nous avons avancé aujourd’hui finalement.

Heureusement, l’endroit où Chris nous a amenés a une excellente réputation. Ce n’est pas une marina, c’est en fait un énorme boat yard, avec 2 quais pour accommoder au besoin. Nuage a l’air d’un canot ici, les bateaux qui y sont entreposés sont d’abord énormes, et en quantité industrielle. Il y a tout ce que tu veux pour travailler sur ton bateau. Et du staff en masse. Mais le staff est particulièrement occupé à ce temps-ci de l’année. Et nous, nous sommes des peanuts ici (sans aucune exagération). Nous avons dû parler à quelques personnes pour nous démêler un peu (le dockmaster, le service manager, le on ne sait pas qui….), bref, ce n’était pas simple de s’y retrouver avec tous ces messieurs hyper occupés à rouler partout dans la cour à bateau sur leur voiturette de golf, cellulaire à la main, une belle gang de marshals en action. Malgré tout, ils ont réussi à nous envoyer Scott, un mécano qui semblait connaître son affaire, pour venir diagnostiquer le tout. Selon lui, le shaft est parti à cause de mauvais ajustements de vis, les trous pour accueillir les 2 vis du coupling dans le shaft ne seraient pas assez profonds. Bref, on doit attendre que quelqu’un puisse venir travailler sur Nuage et percer ces trous un peu plus. Peut-être aujourd’hui, ou peut-être demain. Il faut être patient…

Le bon côté de tout ça ? C’est que nous passerons la nuit dans une marina… ce qui veut dire… Wi-Fi et douche ! C’est si simple le bonheur…

Le bon coup du jour : le collier de serrage (clamp) sur l’arbre d’hélice (shaft)

Tout cette aventure aurait pu être bien pire si Dominic n’avait pas pris la brillante initiative de mettre un collier de serrage sur le shaft. Le collier, bien serré autour du shaft, a en fait servi à empêcher le shaft de sortir complètement du bateau. Parce que le shaft passe au travers d’un presse-étoupe et d’un tube d’étambot qui est le joint entre l’intérieur du bateau et l’extérieur, soit sous l’eau. Si le collier n’avait pas été là, le shaft aurait pu complètement glisser hors du bateau… ce qui aurait été pas mal plus grave puisque de 1. nous aurions perdu notre shaft et notre hélice, et de 2. l’eau se serait dangereusement mise à entrer dans le bateau. Bravo Capitaine pour cette sécurité supplémentaire ajoutée ! Un 0.50 $ bien investi !

Et pour la suite ?

Il semblerait bien que nous serons pris dans le coin de Beaufort pour un bon petit bout… La météo fait vraiment dure ces temps-ci. Donc même si tout est réparé demain pour Nuage, nous ne savons pas quand nous pourrons quitter le coin. Cette nuit, de très bons vents sont annoncés… pensez-vous que nous aurons une bonne nuit ?

À propos de la marina

Coordonnées : 34°48.336’N 076°41.085’W
Elle se nomme Jarret Bay. Ce n’est pas un arrêt que nous considérions nécessairement en route puisque ce n’est pas une marina en soit, mais en cas de besoin, cela peut faire l’affaire. Toutefois, si tu as du travail à faire sur ton bateau, c’est l’endroit qu’il faut aller. Tout est sur place. Le hic, c’est que c’est un peu loin de la ville, donc si tu dois sortir, c’est taxi. L’endroit pourrait aussi être considérer pour entreposer un bateau quelques mois au besoin, des fois que…

Les photos du jour

 

Pour les zélés, les chiffres du voyage sont ici :

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