19 mars 2019
Il est finalement arrivé. À 17 h 45. Les prévisions ont été toute la journée à l’image des derniers jours. Nous ne savions pas à quelle heure il arriverait jusqu’au moment où il était juste là. Les prévisions parlaient de 17 h, 18 h, 21 h, 00 h… Toute la journée, nous avons vu des gens parler du coup de vent sur les internets (surtout Facebook…), dans les Abacos, à Bimini, et ensuite du côté d’Eleuthera. On a entendu parler de pointes à plus de 50 kn… Et comme nous sommes des warriors, nous avons finalement pris la décision de rester à l’ancre pour affronter la bête, et l’idée a été plus ou moins bonne. Comme nous n’avons pas d’anémomètre, nous ne saurons jamais à quelle vigueur le vent nous a frappé à Nassau en ce 19 mars 2019…
Un matin comme les autres
La journée a débuté as usual avec pas trop d’action. Dominic est allé jouer au tennis sur Paradise Island. Tranquillement, il commence à connaître des gens et on lui propose même des joueurs, sympa ! Et le bout drôle dans tout ça, c’est la rencontre terrien vs marin lorsqu’on lui a demandé s’il revenait demain jouer. Évidemment, la réponse n’a pas été simple puisqu’il a dû introduire le fameux coup de vent qui était en préparation et qui aurait pu nous forcer à nous déplacer, et qui va sûrement amener de la mauvaise température demain… Les joueurs ont été quelque peu surpris qu’il accorde autant d’importance à la météo et qu’il soit si au courant. Cette petite anecdote confirme totalement notre réflexion météo des derniers jours : les effets qu’a la météo sur le quotidien lorsque l’on vit sur l’eau sont pas mal abstraits pour les terriens.
Andrée-Anne, pour sa part, a fait l’opération on va sous le lit chercher des trucs. En général, une fois par mois, ou mois et demi, on défait tout le lit et on va dans le rangement dessous pour aller chercher ce qu’il manque. C’est là qu’on laisse les réserves de tout ce qui n’est pas alimentaire ainsi que les items que l’on garde en back-up. C’est comme aller au magasin, mais dans Nuage. Et c’est un peu long parce qu’il faut tout défaire et refaire… Un beau projet de matinée.
En après-midi, c’était toujours aussi tranquille. Nous avons donc pris le temps de vérifier notre ancre et de nous réancrer. Mais, on le sait, le fond n’est pas super ici. Nous ne sommes pas ancrés comme dans les Exumas. Il semblerait que le fond a été creusé dans le harbour et que tout le sable a été retiré afin d’augmenter les profondeurs et permettre aux bateaux de circuler. Nous n’étions pas sûrs sûrs que nous allions tenir, mais nous avons décidé de prendre la chance en nous disant que si nous décrochions, nous serions assurément en mesure de le gérer.
La gestion de « crise » du jour : le coup de vent
Kid’eau était de passage pour nous dire un petit coucou en dinghy. Au loin, on voyait les nuages noirs au nord qui s’approchaient… Et tout d’un coup, un vent froid s’est levé, presque instantanément. Le coup de vent commençait, et il était 17 h 45. Nous avons à peine dit au revoir à l’équipage de Kid’eau qui est parti, avec raison, à la seconde que le vent s’est levé…
Tout de suite, l’opération gestion de la situation s’est mise en branle. Dominic a mis son imperméable et a démarré le moteur afin de libérer un peu de tension dans la chaîne de mouillage. Andrée-Anne, pour sa part, s’est installée à la table à carte et s’est mis en mode veille des prévisions météo et des radars météo, et surveillait en même temps la ligne tracée par le bateau sur Navionics et le logiciel d’alarme de mouillage Anchor Lite.
Après à peine 10 minutes, on voit le premier bateau qui a décidé de devenir autonome et de se décrocher. Le souci : personne ne semble à bord, et il se dirige assez rapidement vers un très beau et très gros bateau de gens riches… Heureusement, le capitaine est apparu en dinghy et est venu sécuriser son bateau, il a passé proche… Ensuite, c’est un autre voilier qui n’en peut plus. On le voit aller s’installer au quai à gaz de la marina tout près pour sécuriser son bateau, avec ce temps, et à cette heure, il y a peu de chances qu’il dérange…
Environ 1 heure après le début du coup de vent, c’est à notre tour… À la suite d’un changement de bord radical du vent, l’ancre a tout simplement décroché. Dominic voyait les bateaux (quelque peu plus gros que nous…) derrière nous s’approcher (et les employés nous surveiller avec des gros yeux), tandis qu’Andrée-Anne a entendu l’alarme d’ancre partir… C’était le moment d’agir. Andrée-Anne est parti à l’avant du bateau pour aller remonter l’ancre. Comme il n’y a avait pas du tout de péril, Dominic est venu lui donner un coup de main, malgré le vent et les vagues, les mouvements de Nuage étaient assez prévisibles. Tranquillement, nous avons remis l’ancre un peu plus loin. Mais le fond n’était (évidemment) pas bon. Après seulement une dizaine de minutes, nous avons commencé à bouger de nouveau. Nous remontons donc l’ancre une 2e fois, cette fois-ci, Dominic doit rester à la roue pour faire relâcher de la tension dans la chaîne d’ancre afin qu’Andrée-Anne puisse la remonter sans trop forcer. Malgré le calme de l’équipage, il y a tout de même un peu d’adrénaline, et une chance, parce que remonter l’ancre à bras, c’est toujours un peu forçant, et si on ajoute du vent, de la vague et qu’on le fait plus d’une fois, cela peut devenir assez sportif. Bref… Tout allait toujours bien.
Question de ne pas passer la soirée à tenter de s’ancrer, le capitaine a choisi de changer de place un peu et de se diriger plus à l’ouest de la zone du mouillage, près des gros bateaux de croisière puisque le fond est réputé pour être un peu meilleur à cet endroit. Rendus près de notre but, un catamaran ancré nous interpelle, nous nous approchons donc pour entendre ce qu’il veut nous dire puisque nous croyons qu’il est en train de nous demander de nous éloigner de son bateau et nous voulons aller le voir de plus près (malheureusement, il arrive que des capitaines frileux fassent de l’intimidation au mouillage)… Nous étions dans le champ là-dessus… Il était plutôt en train de nous indiquer la belle patch de sable où nous devrions mouiller notre ancre à côté de lui. Merci l’ami, nous sommes sincèrement désolés d’avoir cru à une mauvaise attitude. À ce moment, le vent commençait tranquillement à se calmer, on le sentait déjà. Et l’ancre s’est bien prise dans le fond un peu sableux. C’était la fin de la « crise ». Et le timing était parfait, puisque le soleil était en train de se coucher. Nous avons pu arrêter le moteur, et aller manger un bon macaroni accompagné de pain naan frais avec le sifflement du vent dans les haubans en trame sonore. Qui dit mieux ?
La découverte du jour : la page Facebook de la météo des Bahamas
Il était temps qu’on la trouve celle-là. Surtout que nous y avons découvert un warning assez significatif concernant le coup de vent d’aujourd’hui, ils conseillaient même aux gens sur la terre de se tenir loin des fenêtres… rien de moins. Dommage que nous soyons tombés sur ce warning en plein cœur du coup de vent… Pour les intéressés, la page se nomme Bahamas Meteorology.
Et pour la suite ?
Le coup de vent est terminé. Maintenant, nous allons profiter tranquillement des jours qui restent à Nassau pour faire des ravitaillements, jouer au tennis pour Dominic, et écrire pour Andrée-Anne. On surveille le coup de vent du 24, mais il ne semble pas très fort. Il y a de fortes chances que nous quittions New Providence Island assez vite après le départ de la visite d’Océane la Madame. À suivre…
À propos du mouillage choisi
Coordonnées : 25°04.809’N 077°20.102’W
Nous nous sommes installés un peu plus à l’ouest dans le harbour. Une fois l’ancre bien prise et le coup de vent passé, nous y étions très bien. La tenue semblait un peu mieux que de l’autre côté du harbour.